« Il est installé au milieu d’une collection d’art qui pourrait constituer un petit musée : un portrait de Stravinsky par Giacometti regarde avec bienveillance une rangée de Matisse, Léger et Gris. Trois Picasso forment une rétrospective de la carrière du génial catalan depuis une importante aquarelle de 1907, Trois femmes, qui a appartenu naguère à Gertrude Stein, jusqu’à une scène de corrida, extrêmement personnelle, de 1959. » C’est ainsi qu’Octavio Roca décrit l’appartement des Istomin lors d’une interview qui fut publiée dans le Washington Times du 15 mars 1992, sous le titre Istomin, défenseur de l’humanisme musical.
Très tôt, Istomin avait trouvé naturel de s’entourer de livres et d’œuvres d’art. Il n’aurait pas pu vivre sans ! Il n’acheta jamais de voiture, et n’eut jamais de maison à lui, jusqu’à ce qu’il s’installe à Washington avec Marta au début des années 80. Tout son argent passait dans les livres et les œuvres d’art! Ses intérêts étaient infiniment variés, et sa curiosité toujours en éveil. La peinture du Vingtième Siècle était au centre de ses passions. Dans le choix de ses amitiés avec les peintres contemporains, il privilégiait ceux qui s’étaient nourris d’une connaissance profonde de l’histoire de leur art et qui s’intéressaient à la musique et la littérature. C’était bien sûr le cas d’Avigdor Arikha, mais aussi des autres artistes dont il a été proche : Norris Embry, Barnett Newman, Richard Diebenkorn…
Le cinéma fut une passion de jeunesse qui lui permit de s’évader du quotidien pianistique. Les personnages de cinéma et les acteurs l’habitaient en permanence. Dès le début des années 50, il n’eut plus guère le temps d’aller dans les salles obscures, mais il garda la nostalgie des vieux films et les revoyait régulièrement sur son écran lors de rediffusions nocturnes ou grâce à sa collection de cassettes.